Adil Hiani

POUR "La bonne musique"

Nom : Adil Hiani

Age : 25 ans

Occupation : DJ & Producteur (Cosmo Records)

Localisation : Casablaca

A 25 ans, Adil Hiani signe sans conteste l’identité musicale de la nouvelle scène électronique au Maroc. DJ, producteur, et co-fondateur du label Cosmo Records, il s’inscrit dans une véritable démarche de recherche, de renouveau et de créativité qui lui a permis de décrocher des collaborations avec des artistes internationaux comme le duo Masomenos, Sonja Moonear ou San Proper. Après plusieurs années à Berlin et en Europe, il est de retour au Maroc depuis peu où il enchaîne des dates choisies et cultive la discrétion. En exclusivité, il nous raconte son parcours et nous concocte un mix inédit.

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« Je n’aime pas le mot underground, j'espère faire de la bonne musique, c’est tout »

 

Né à Casablanca, c’est en 2003 que Adil fait la rencontre – fortuite – de la musique. Il a 13 ans quand son cousin, DJ Key, référence de la scène hip hop du moment, s’installe chez lui et y dépose tout son matériel et ses platines en lui interdisant formellement d’y toucher. Même s’il n’y comprend pas grand chose, c’est pourtant plus fort que lui, le turntablism l’intrigue et il commence alors à s’entrainer en cachette. Jusqu’au jour où son cousin le surprend et décide finalement de lui apprendre la structure de la musique avant qu’il ne puisse retoucher une platine.

Du scratch, le jeune Adil évolue naturellement vers la house et la techno commerciale d’influence afrobeat. Alors qu’il commence à faire quelques dates et devient populaire, le développement d’internet lui permet de découvrir de nouveaux artistes, mais aussi des classiques, tout ce qui formera sa culture de ce qu’il appelle « la bonne musique ».

Car dorénavant, il trie la musique, toutes catégories confondues, en deux sortes : la bonne et la mauvaise. Pour lui, un ordinateur ne suffit pas à produire du bon son, et si ses critères restent subjectifs, il développe néanmoins une approche très puriste et se revient finalement à l’essence de la musique : instruments, recherche, travail, et création.

Nous sommes en 2007 et à mesure qu’il devient pointu, on le prend pour un fou. Ses premières influences de l’époque sont les groupes house et minimal allemands M.A.N.D.Y et Booka Shade, co-fondateurs de Get Physical Records, ou encore le chilien Ricardo Villalobos.

Fin 2009, juste avant le lancement du label Cosmo Records, il se fait repérer par Laurent Grumel sur Myspace et participe à la création de ce qui deviendra le tout premier – et seul – label de musique électronique marocain dont le concept, assez inédit, repose sur la fusion de la musique électronique avec la richesse de la musique traditionnelle marocaine et nord-africaine. L’idée est de faire venir des DJ internationaux et de les faire collaborer avec des musiciens marocains en studio, créer de véritables rencontres, et promouvoir finalement le Maroc à travers la culture. Si le mélange de l’électro et de l’acoustique fonctionne très bien et que rapidement, ils signent de gros artistes tels que Villalobos lui-même, ils restent vigilants quant au besoin de s’inscrire dans la durée pour ne pas tomber dans l’ethnique et risquer l’effet de mode.

Bien que l’industrie musicale marocaine reste sous-développée et que les vinyles de Cosmo sont distribués partout sauf au Maroc, le label assoit sa crédibilité au fil des années et s’impose comme une référence. Aujourd’hui, Cosmo fête ses 5 ans, l’occasion de réaliser une belle rétrospective des projets et collaborations menés et de préparer une compile, alors que de son côté, Adil revient à la prod et prépare un nouvel album pour début 2015, à suivre de très près.

#5yearsofcosmo - Dandy Jack & Adil Hiani

En attendant la sortie de son nouvel opus, Adil nous livre en exclusivité, un podcast inédit et très groovy dans le cadre de notre publication sur le féminisme dans le monde arabe. A travers sa sélection, il explore les différents aspects de la condition des femmes en partageant simplement ses impressions du moment. Avec une intro assez pesante et la complainte d'un saxophone, il suggère le harcèlement sexuel, puis questionne les mouvements féministes et leurs extrêmes, pour plus tard ouvrir le dialogue avec des chants berbères Ahwach.

On retrouve, dans le désordre, du Trio Joubrane, Dhafer Youssef, Mahmoud Darwish, YoshiHiro Hanno - avec 3 tracks super exclusifs - ou encore Moondog, autant de références qui rappellent ses influences, très éclectiques mais toujours hyper pointues.