Oasis Festival réussit sa deuxième édition et entre - déjà - dans la cour des grands !

Du 16 au 18 septembre dernier, s'est tenue la deuxième édition du tout jeune Oasis Festival qui a déjà fait des émules. Cette année, tout le monde s'accorde sur le saut qualitatif du festival qui a accueilli 3000 personnes venues de plus de 30 pays différents pour aller à la rencontre des 40 meilleurs DJ du moment et faire de Marrakech et du Maroc la nouvelle destination électro branchée. Une organisation maîtrisée et une DA léchée qui ont font d'ores et déjà un des rendez-vous qui comptent et qu'on attend chaque année un peu plus nombreux.  « Où peut-on acheter des vinyles dans la médina ? », demande DaniloPlessow, aka MotorCityDrumEnsemble, avant même d’avoir foulé le tarmac de l’aéroport de Marrakech Menara. La question du jeune prodige de la house originaire de Stuttgart vient de donner le « la » de l’Oasis Festival : un week-end où la culture marocaine se fait l’écrin de la crème de la musique électronique internationale.

crédit : lahcen mellal 

crédit : lahcen mellal 

C’est ainsi qu'à quelques kilomètres de Marrakech, au bout d’une longue piste rocailleuse qui s’échappe de la route de l’Ourika, les portes du magnifique hôtel The Source se sont ouvertes aux festivaliers impatients vendredi dernier. Bracelets électroniques marqués d’un dromadaire, d’un tajine ou d’un verre d’ateï aux poignets, amoureux de samples et de basses venus des quatre coins du monde se sont élancés pour trois jours de fête au pied des montagnes de l’Atlas.

Il faut alors se perdre dans les dédales d’une végétation luxuriante, s’enivrer des effluves de citronnelle, s’allonger sur des plaids et des tapis berbères, flâner autour des stands de crème glacée et d’artisanat local, redécouvrir les créations de Hassan Hajjajet s’étourdir de toutes les langues qui balbutient ensemble leur émerveillement. Il faut ensuite monter sur le roof-top et siroter un verre en contemplant les licornes gonflables qui flottent paresseusement sur la piscine et le coucher de soleil qui embrase la Ville Ocre.

À 20 heures, Amine K s’empare des platines de l’Arena, l’amphithéâtre de The Source. L’enfant chéri de l’électro marocaine n’a pas à rougir de côtoyer les plus grands noms de la scène électronique mondiale : son set, marqué par un remix de "I feel Love" de Donna Summer, galvanise la foule sous la pleine lune. Moment de grâce. C’est ensuite à Hun Choi, aka Hunee, de mener la danse sur la scène principale de l’Oasis. Le DJ coréen qui essaime ses sons mystiques d’Amsterdam à Berlin semble poser ses valises à Marrakech avec un malin plaisir, et se laisse lui-même emporter par des textures uniques, organiques. Cette première nuit s’achève enfin en apothéose avec Dixon, qu’on ne présente plus tant sa deep-house a su transir les clubs du monde entier, au point d’être élu meilleur DJ trois années consécutives par ResidentAdvisor

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Le  lendemain, les oreilles encore ivres des beats de la veille, les festivaliers ont pu s’alanguir dans un chill-out suspendu au-dessus de l’eau dans les vapeurs d’une chicha à la pomme, se tatouer de henné, faire quelques savasanas sur un tapis de yoga ou buller dans l’eau chlorée. Aux yeux de nombreux festivaliers, The Black Madonna semble devoir s’imposer comme le moment musical le plus puissant de l’Oasis : son set hyper éclectique a évolué d'une trap bien grasse à la funk feelgood d'une Geraldine Hunt avec le morceau "Can't fake that feeling". De la techno savamment portée par des influences disco à une magnifique leçon d’énergie contagieuse et d’empowerment féminin, comme elle aime à s’en réclamer, la jeune femme venue de Chicago à la coupe garçonne peroxydée et au "genre neutre" revendiqué incarne parfaitement l'esprit du festival, à la fois intimiste mais avec une énergie folle et de vraies rencontres avec les DJ qui, très proches de foule, presque façon Boiler Room, communiquaient leur plaisir au public en transe. 

Laurent Cohen, le propriétaire des lieux, surgit alors au détour d’un des chemins qui relie chaque univers du festival : « Je suis aux anges, ravi ! » confie-t-il. Et c’est avec le même sourire qu’il immortalise, derrière les platines de Derrick May, la foule heureuse qui fait semblant de ne pas remarquer que le soleil s’est levé depuis longtemps déjà

crédit : lahcen mellal 

crédit : lahcen mellal 

Dimanche l'ambiance est plus bon enfant et le festival reprend doucement, entre chiens et loups, alors qu'on attend fiévreusement Omar Souleyman. Et parce que danser sur la dabkah électro du chanteur syrien est certainement devenu l'acte politique le plus scandaleusement insouciant du moment, le public s'en donne à coeur joie et lui réfrène même de nombreux sourires pour ne pas trahir sa posture de cheikh sévère, alors que sa musique est furieusement dansante et légère. Un moment de lucidité, puis c'est l'euphorie qui l'emporte. 

Presque sagement, nous clôturons cette 2ème édition sur Booka Shade, le duo de tech-house allemand qui avait produit en 2006 le fameux morceaux "Body Language" avec M.A.N.D.Y, leurs complices de chez Get Physical. On a également adoré Butch juste avant qui a difficilement quitté les platines et on regrette d'avoir renoncé à Jeff Mills mais comme les licornes de la piscine, ont est un peu crevés et il est temps de rentrer... On repart avec les oreilles qui grésillent et l'oeil qui brille, en pensant déjà avec impatience à la troisième édition de l’Oasis Festival.

crédit : lahcen mellal

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CultureRime EL KHALIDYMusique