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Yassine Reqati est sans doute l’une des révélations musicales de cette année. Ce producteur-compositeur multi-instrumentiste a signé la prod de plusieurs projets cette année, notamment pour Ezzak, le rappeur L’fare9 ou encore pour le sud-africain Xander Pratt. Il revient aujourd’hui avec un projet personnel plus insolite, où il reprend le “bruit” de Casa pour l’ordonner, le transcender, et en extraire la bande-son de la ville.

Yassine fait partie de ces gens qu’on aime du premier coup. Lumineux, il affiche un sourire à toute épreuve. Il a l’oeil brillant de ceux qui se passionnent pour tout, qui gardent leur âme d’enfant et qui aiment partager ce que la vie leur a appris. Prendre la vie tellement au sérieux pour en rire tout le temps, c’est ce que nous évoque la rencontre avec Yassine.

Nous nous sommes retrouvés dans un des cafés bruyants de Casa pour lui poser des questions sur son parcours et sur sa vision de la musique. Une conversation passionnante que nous partageons avec vous ici.

- Parle-nous de ton parcours, à quel moment tu as décidé de te lancer comme producteur de musique ?

Mon premier mois au bureau ! j’ai compris que ce n’était pas fait pour moi de passer ma vie derrière un ordinateur ! Puis ça m’a pris quelque temps pour mettre de l’argent de côté, et me préparer techniquement et psychologiquement pour faire le grand saut. C’était il y a deux ans…

Je suis ingénieur informatique de formation et mon travail consistait à concevoir des solutions informatiques à des problèmes réels. J’ai eu l’occasion par exemple de développer un logiciel pour la bibliothèque d’une grande entreprise marocaine, pour suivre les livres empruntés et ne plus les perdre. La rétro-ingénierie suppose justement de schématiser chaque problème et de proposer des algorithmes pour le modéliser, et puis automatiser la solution.

Ma vision de la vie consiste à tirer constamment le positif du négatif. Généralement les meilleures choses qui me sont arrivées dans ma vie sont survenues après des grandes périodes de crise. Par exemple, j'ai dû rester 3 mois à la maison après être tombé malade, et j'en ai profité pour apprendre à jouer au Piano !

- C'est quoi ton rapport à la musique ?

Assez particulier et étrange au début. Mes premiers souvenirs avec la musique c’est un mélange d’éblouissement et d’anxiété. J’avais 9 ans, ma mère faisait tout son possible pour que j’aie une éducation musicale avec ma sœur. Elle nous emmenait au conservatoire tous les dimanches et chaque année j’étais le seul qui échouait dans la classe pour deux raisons. La première, c’est qu’au lieu d’être en classe, je séchais déjà à l’époque les cours et je passais les deux heures à sillonner les couloirs du conservatoire. La seconde, c’est que je trouvais que la théorie était très ennuyeuse et je pense toujours qu’elle n’est pas adaptée aux enfants. C’était magique et captivant de rester derrière les portes des salles où ça jouait du violoncelle, du piano ou du Oud. En parcourant les couloirs, j’étais beaucoup plus attiré par cette musique de fond, avec plein de sons qui s’entremêlaient et qu’on entendait en background. Je pense que tous ces éléments cultivaient cette faculté d’apprécier la musique de loin, d’apprécier les bruits qui donnaient leur âme à un endroit, et qui suscitaient en moi plein d’émotions. C’est très tridimensionnelle finalement comme sensation, d’ailleurs toutes les prod que j’ai faites pour des chanteurs (Ezzak, Aleef Bae et Luiza) commencent par une ambiance du Maroc.

Pour moi la musique prend toute la place. Je ne peux rien faire s'il y a de la musique. Mon cerveau veut tout analyser. D’ailleurs, le style que je trouve le plus fascinant c'est le jazz. Les combinaisons y sont infinies. Tous les jours, il est possible d’écouter quelque chose de nouveau. C’est un puits de musique inépuisable. Ce qui me réconforte même si les gens ne s’en rendent pas compte, c’est que personne ne peut nous empêcher de faire de la musique. Je trouve ça fascinant !

Et enfin, ma mère a toujours chanté à la maison. Elle chante quand elle est seule et de bonne humeur. Secrètement, j’ai toujours associé le bonheur à la musique…

“Personne ne peut nous empêcher de faire de la musique. Je trouve ça fascinant !”

- Tu nous disais que si on te donnait n'importe quel instrument, tu réussirais en une journée à le hacker. C'est quoi ton rapport aux instruments de musique ?

J’ai un rapport très particulier à chacun de mes instruments. Chaque instrument réveille quelque chose de spécifique en moi, c’est-à-dire que je ne jouerai du piano que dans certains états d’âme, pareil pour l’oud ou l’accordéon. Ce sont des extensions de mon corps. Ma formation d’ingénieur informatique me pousse à tout vouloir décortiquer, hacker en quelque sorte. Je pense que je collectionne les sons comme d’autres les images et les visages. Cette faculté à reproduire les sons et à les comprendre est liée à une perception différente des choses, où les différentes combinaisons et règles qui lient chaque note à une autre m’apparaissent clairement. Tiens ! Ça me rappelle le dessin animé Inside Out, je visualise les notes comme eux les émotions ! (Rires)

Pour moi, tout curieux est un créateur ! Ce travail empirique, c'est ce que j'ai appliqué dans mon apprentissage des instruments. Chaque instrument, je le décortique et j'essaie de trouver toutes les combinaisons possibles à faire pour comprendre son fonctionnement. Très rapidement j'ai joué à 7 instruments parce que j'ai trouvé en quelque sorte le code pour les décortiquer. J’ai suivi ensuite des cours de solfège pour conforter mon intuition et voir en quelque sorte si mes shortcodes étaient bons !

- le bruit de la ville t'inspire, qu'est-ce que tu pourrais nous en dire ? Qu'est ce qui t'a poussé à développer ton projet des sons de la ville, avec notamment les sons des gardiens de voiture ?

Pour moi Casa a une forme de poésie dans son chaos. Si je dois vivre dans une autre ville ce serait NYC, mais ce qui est sûr c’est que je ne pourrais jamais vivre dans un endroit silencieux. Avec le projet “Koun Kent”, je m’intéresse aux environnements musicaux de métiers différents, bien de chez nous. Je les décortique, les ordonne, pour en extraire une récurrence et une poésie.

Pour moi par exemple, quand on klaxonne, ce n’est jamais arythmique. C'est même très orchestral. Quand je démarre mes prods avec des ambiances, je pars en quelque sorte du réel pour l’ordonner et en extraire une poésie.

En partant de tous les sons qui dessinent l’univers sonore du métier de gardien de voiture, je les identifie pour les décortiquer, et je les réordonne pour en faire une musique. C’est un projet qui m’amuse et qui me permet aussi d’explorer beaucoup de choses.

1er morceau de la série “Koun Kent…” 3essass

Vidéo produite par Jooj Media

LIOUMTUBE

LE MORCEAU QUE TU ÉCOUTES EN BOUCLE ?

Channel Tres – Sexy Black Timberlake. La ligne de basse est hypnotique.

- LA CHANSON QUI TE DONNE LES LARMES AUX YEUX

Movie – Tom misch - Ça me rappelle une personne qui m’est très cher mais que je devais quitter en cours de route et les paroles retranscrivent exactement ce que j’ai vécu avec elle.

- LA CHANSON QUI TE MET DE BONNE HUMEUR

I cant lose – Keyone starr ( Pomo Edit ) - Bombe de Dopamine en une chanson.

- LA CHANSON QUI ACCOMPAGNE TON RÉVEIL

Ashley Henry – The world is Yours

- CELLE QUI TE BERCE AVANT DE DORMIR

Esperanza Spalding – Precious. Je veux jouer avec ceeetttttee fiiillllee !

- LA CHANSON QUI PEUT FAIRE BASCULER TA JOURNÉE

Deelgation – One More Step To Take

- LA CHANSON ARABE QUI TE BOULEVERSE

Mohamed Abdel Motelab – El Nass El Moghrameen. Mom !

- LA CHANSON QUE TU AIMES ÉCOUTER SUR LA ROUTE

Haze - Gavin Luke. Prendre la route tout seul parce que la route a toujours quelque chose de très mélancolique, et cette chanson does the right job to enhance it!

- LA BO DE FILM QUI T’A MARQUÉ

James Horner pour Braveheart de Mel Gibson. Toutes les compo du film sont très bien étudiées.

- ET ENFIN, TA GUILTY-SONG ?

Vitas - 7th Element

Yassine Reqati (REQTEQ)