"Voices" : un mini web doc pour le droit des femmes et la liberté d'expression

Été 2017, nous sommes au lendemain de la sombre affaire d’agression sexuelle collective dans un bus à Casablanca et la voix des manifestants indignés commence à gronder. Hommes et femmes se rassemblent pour demander plus de respect et de dignité dans l’espace public comme dans la sphère privée, ainsi que l’implémentation de lois pour protéger les femmes des violences qu’elles subissent au quotidien.

Touchés par l’agitation collective, trois jeunes réalisateurs et vidéastes, Yasmine Benkirane, Hamza Titah, et Kamil Tahiri, décident d’aller à la rencontre des gens et de capter l’ambiance : “Nous nous sommes rendu compte de l’importance des outils dont nous disposons et qui viennent pallier le manque de débat au sein de la sphère publique où la parole est encore très limitée voire quasi-inexistante.”

Armés de leurs smartphones, de petites caméras et de micros-cravates, ils arpentent les rues de Casa et de Rabat pendant des semaines. Le résultat est un micro-trottoir élégant et pudique, où les témoignages hors champs viennent se poser sur des images de manifestations mais aussi de la vie quotidienne. Puis on découvre enfin le visage des personnes interrogées, plantées face caméra en silence. Une parade d’abord technique pour délier les langues, puis stylistique pour questionner la liberté d’expression. Le regard droit mais tendre, la colère ne l’emporte pas sur l’espoir de voir les choses changer pour de vrai. Le mini web-doc plaide pour plus de liberté d’expression en même temps que les femmes revendiquent leur droit à ne pas être importunées, comme partout ailleurs dans le monde. Voices sonne alors comme une prise de conscience collective qui refuse de céder à l’anarchie. En espérant que le vent tourne à mesure qu’il se lève…

Après les événements survenus durant l’été 2017 et la convergence de certains citoyens lors de manifestations et sit-in pour porter leurs voix contre les agressions sexuelles perpétrées au sein de l’espace public et dans la sphère privée. Nous nous sommes rendu compte de l’importance des outils dont nous disposons et qui viennent palier le manque de débat au sein de la sphère publique où la parole est encore très limitée voir quasi-inexistante. Ces outils là, nous les utilisons tous les jours : téléphone, caméra… mais surtout et la plus importante reste la voix de ceux qui ont le pouvoir de la faire résonner. Je me souviens d’une phrase entendu lors du tournage de cette vidéo : « Vous les jeunes, vous voulez tout tout de suite ! Estimez-vous heureux que l’on puisse avoir ce genre de discussion ou que vous puissiez faire ce que vous faites (réaliser la vidéo) sans trop de problèmes. 20 ans auparavant, ca aurait été impossible ». Cette personne avait très certainement raison, et cela ne faisait que renforcer notre volonté. A l’issus de ces quelques semaines de déambulation entre Casa et Rabat, une phrase résonnait plus que jamais dans nos têtes : « nous pouvons mesurer le niveau de développement d’une société en y observant la place qu’elle y réserve à la femme ».